Coudre est-il plus éthique que d’acheter?
Bienvenue sur Le patron de mes rêves ! Si vous êtes nouveau ici, vous voudrez sans doute recevoir guide gratuit: 4 étapes pour coudre des vêtements à la bonne taille. t
Bienvenue à nouveau sur Le patron de mes rêves ! Comme ce n'est pas la 1ère fois que vous venez ici, vous voudrez sans doute recevoir mon guide gratuit: 4 étapes pour coudre des vêtements à la bonne taille
Aujourd’hui je souhaite commencer une discussion sur l’éthique et la couture. En effet, coudre est-il plus éthique que d’acheter?
Le cycle de vie du vêtement
Pour répondre à cette question je vais me baser sur le cycle de vie d’un vêtement:
Les différences majeures entre un vêtement acheté et un vêtement cousu sont les étapes de:
- découpe du tissu
- la couture
- le transport du vêtement fini.
Si l’on se base sur ces étapes de confection du vêtement et sur l’actualité je peux clairement noter que coudre ses vêtements est plus éthique que de les acheter.
Cependant, la partie textile reste commune que l’on achète son vêtement ou qu’on le coud. L’éthique touche toutes les étapes de création du vêtement de la graine au vêtement fini. Dans ce cas il est possible que de coudre nos vêtements ne soit pas plus éthique que d’acheter.
Je vais donc prendre ces 2 points:
- découpe et couture (la confection)
- les textiles
Je vais ensuite vous suggérer les mesures que nous pouvons prendre
1 La confection (découpe et couture): coudre est plus éthique que acheter
La confection du vêtement correspond ici aux étapes de création du patron, découpe du tissu et couture.
La délocalisation
La mode crée beaucoup d’emplois, 1 million dans le monde. Cependant, dans ce secteur beaucoup de questions se posent sur la rémunération, la sécurité des ouvriers, leurs droits et leur capacité à mener une vie.
Vous avez certainement déjà entendu parlé des conditions de travail inhumaines dans les usines de fabrication de la fast fashion. Dernièrement ce sont les camps de concentration des Ouïghours qui sont mis en avant. En Chine, un peuple musulman est réduit à l’esclavage dans des camps de concentration. Pour lutter contre cela, des actions sont menées par l’application clearfashion dont je vous ai déjà parlée et par le député Raphaël Glucksmann (député européen). Il demande aux marques de cesser leur travail avec ces fournisseurs. Vous pouvez suivre ses actions sur instagram ici et suivre l’application clear fashionapp sur instagram ici aussi. Pour approfondir le sujet n’hésitez pas à faire des recherches. Je vous mets en lien 2 articles sur le sujet ici et ici.
Ici je tiens a préciser que je ne soutiens pas 100% les actions des personnalités politiques, mais je les suis dans cette démarche en particulier. Car participer à cette campagne pour arrêter l’exploitation des Ouïghours est important pour moi. Si vous avez d’autres personnalités à me suggérer n’hésitez pas :).
De plus 59% de l’exportation des textiles du Bangladesh est à destination du marché européen. C’est dans ce pays que l’on note le salaire le plus bas au monde 0,32 centime de dollars Américains/heure. Le secteur textile représente 17% du PIB. Le salaire moyen au Bangladesh est de 111 dollars par mois. Pour qu’un ouvrier du textile atteigne ce salaire il devrait travailler 346 heures/mois (0,32*346heures= 110 dollars).
Au Pakistan 91% de la production textile est à destination du marché nord-américain et européen. Leur salaire est le 3ème plus faible du monde. Si ces informations vous intéressent vous pouvez consulter le site de l’ADEME.
Les risques sanitaire
Dans les pays où l’Europe choisi de délocaliser, les conditions de travail sont moins contraignantes et cela permet un coût de production inférieur. Face à cette offre, la demande est croissante. Mais aucun investissement n’est fait pour adapter l’environnement de travail à cette demande grandissante. Certaines personnes meurent sur leurs lieux de travail.
Ces ouvriers sont exposés aux dangers physiques de leur lieu de travail mais également aux dangers chimiques. De nombreux produits chimiques sont utilisés pour teinter les vêtements. Ces substances peuvent être cancérigènes comme le formaldéhyde (qui peut également être présent dans les vernis à ongles). Pour délaver les jeans plusieurs techniques existent dont la technique du sablage. Un ouvrier projette du sable sous pression sur les jeans afin d’obtenir l’effet usé. Cependant, cette action est réalisée dans des endroits sans aération. Le sable est composé naturellement de silice. La silice n’est pas dangereuse pour la santé, mais l’exposition prolongée peut causer des maladies pulmonaires chez les ouvriers.
Je vous partage ici un tableau que j’ai trouvé sur le site Quartz qui analyse les coûts d’un sweat Respect de Zara dans leur ligne « Join life » qui est annoncée comme durable et dont les conditions de travail sont contrôlées. Deux tableaux sont disponibles sur le site, ici je vous ai traduit le tableau qui montre ce qui est versé pour 1 sweat à chaque étape aux travailleurs.
Pour comprendre ce tableau j’ai cherché le salaire moyen en Turquie qui est un des pays où Zara produit ces sweats:le salaire minimum net en Turquie en 2020 à 2 324 livres turques (TRY) par mois, soit 352,9 euros (EUR) ou 391,7 dollars américains (USD).
Ainsi, en cousant nos vêtements nous limitons ces emplois inhumains.
2 Les textiles :coudre n’est pas plus éthique que acheter
Cependant il reste l’étape commune entre l’achat et la couture: l’achat du textile.
Comme vous avez pu le voir dans le tableau précédent, les ouvriers qui produisent le textile ne sont pas mieux lotis que les ouvriers qui confectionnent le vêtement.
Pour éviter de participer à ces pratiques, nous devons être plus conscients des choix des tissus que nous achetons pour nos créations. En effet, il existe de nombreux labels pour identifier les textiles qui sont produits avec moins de substances néfastes pour nous et notre environnement et qui sont produits dans des conditions humaines. Il existe notamment les labels Oeko-tex et GOTS, vous pouvez lire mon article à ce sujet ici.
Le choix de la fibre composant le textile est également importante sur l’impacte de notre textile sur l’environnement et notre santé. En effet, il faut privilégier les cotons bio (où les fermiers utilisent l’eau de pluie pour l’arrosage) et les fibres naturelles comme le lin. Nous devons également faire attention aux fibres issues de la pétrochimie ou qui demandent énormément de substances chimiques pour obtenir une fibre (processus de fabrication). En effet, le nylon, le polyester, l’élasthanne et l’acrylique, relâchent des microfibres de plastique à chaque lavage et seraient responsables de la pollution des océans (devant les sacs plastiques). Ces fibres s’échappent lors des lavages mais également lorsque vous portez votre vêtement. Pour plus d’informations sur les fibres vous pouvez lire mon article ici.
Des études scientifiques montrent qu’il pleut désormais des micro-plastiques (110 millions de bouteilles plastiques sur la surface de la France par an) et que notre corps contient des micro-plastiques. Ce phénomène est mondial. Puis une fois dans l’eau, nous ingérons ces microparticules. Voici 2 articles pour approfondir votre lecture ici et ici.
Pour éviter la surconsommation de textile il est également possible d’upcycler vos anciens vêtements ou linge de maison et d’acheter des tissus de seconde main.
Pour aller plus loin
Premièrement j’espère que cet article vous a plu et vous a permis de mieux comprendre les bénéfices et limites de la couture dans l’éthique. Vous pouvez maintenant répondre à la question Coudre est-il plus éthique que d’acheter? N’hésitez pas à me partager vos avis en commentaire. Je serais ravie d’avoir cette discussion.
Deuxièmement peut-être que vous avez pu noter que tout au long de l’article j’utilise le nous. Car je m’inclue dans les actions à prendre pour rendre la couture plus éthique. Il est important que chaque couturière fasse de son mieux, plutôt que quelques couturières qui soient parfaites. Personne n’est parfait et dans notre société éviter le plastique est un vrai combat. Je ne sais pas si il est possible aujourd’hui de vivre une vie sans plastique, aucun. De même pour les tissus éthiques, ce n’est pas toujours évident de trouver son bonheur mais au moins maintenant vous aurez peut-être un critère de choix supplémentaire lors de vos achats. Le plus important est de participer à la réduction du plastique et à des meilleures conditions de vie pour tous les être vivant sur cette planète.
Troisièmement si vous souhaitez utiliser la couture pour être plus éthique et créer des vêtements qui vous vont vraiment et que vous prenez plaisir à porter au quotidien, vous pouvez commencer votre apprentissage du patronnage avec ce top à basque ou cette jupe droite à volant.
Bonjour Barbara,
Je vous lis toujours avec plaisir et ce sujet m’intéresse et me touche particulièrement puisque je suis spécialisée dans les tissus bio et écologiques 😉
Pour aller plus loin, il faut aussi inclure dans la réflexion l’utilisation que nous allons faire des textiles ou vêtements, avec notamment ces questions:
– comment nous allons les laver, à quelle fréquence, avec quelle lessive, à quelle température, avec ou sans sèche-linge
– à quelle fréquence nous les achetons neufs, est-ce qu’on les achète de manière raisonnable ou compulsive même quand on en a pas besoin?
– ce que nous en faisons après, une fois que les vêtements sont trop petits ou en fin de vie: on les donne? à qui? ou bien on les upcycle et on leur donne une seconde vie? voire on les réutilise pour faire de l’isolation dans les murs, etc…
Donc acheter bio ne suffit pas en soi, même si c’est un premier pas important. IL faudrait pas que cela nous dédouane de bien agir. C’est toute notre démarche et notre manière de consommer qu’il faut remettre en question si on veut aller au bout de la démarche!
AU plaisir de te lire et d’échanger,
Nathalie de Merci les abeilles
http://www.mercilesabeilles.com
Bonjour Nathalie,
Merci pour ce retour qui me fait très plaisir! Merci pour ce partage.
J’ai prévu un article sur les achats en couture justement et aussi la fin de vie de notre projet couture.
Merci pour ce partage sur l’entretien. Effectivement je n’en ai jamais parlé dans ce sens. Je vais donc approfondir le sujet et en créer un article.
Je suis tout à fait d’accord acheter bio ce suffit pas. Effectivement c’est toute notre consommation que nous devons revoir dans le secteur de la mode.
Merci infiniment pour cet échange
Barbara