Comment bien vendre vos créations ?
Bienvenue sur Le patron de mes rêves ! Si vous êtes nouveau ici, vous voudrez sans doute recevoir guide gratuit: 4 étapes pour coudre des vêtements à la bonne taille. t
Bienvenue à nouveau sur Le patron de mes rêves ! Comme ce n'est pas la 1ère fois que vous venez ici, vous voudrez sans doute recevoir mon guide gratuit: 4 étapes pour coudre des vêtements à la bonne taille
Pour cet article je laisse la parole à Coralie du blog Créer, Recycler, Coudre. Coralie est juriste et nous partage ses connaissances dans la vente. Elle va vous donner ses astuces pour savoir comment bien vendre vos créations. Quelles sont vos obligations et comment protéger vos créations.
Vos créations sont adorées par tout votre entourage. Vous vous dites “pourquoi je ne deviendrais pas la nouvelle Vivienne Westwood” ?
Lisez attentivement ce qui suit.
Ce ne sont pas des énièmes conseils marketing pour augmenter vos ventes, même si je pourrais vous parler de fidélisation, de packaging, de satisfaction clientèle.
Quoique.
Ici, je vous parle surtout des problèmes que peu de gens connaissent, et se préoccupent : le droit.
Je vous comprends, c’est pas très glamour. Vous aurez envie de tourner les talons.
Et si je vous dis que vous risquez jusqu’à 100 % de majoration si vous ne déclarez pas les ventes de vos créations (oui, celles que vous vendez en cati-mini sur Etsy).
Ça y est, je vous ai ferré ? Alors voici 3 questions essentielles à vous poser avant de vendre vos créations.
1 Comment créer sa marque ?
1.1. L’étude de marché
Pour une étude de marché sérieuse, collectez un maximum d’informations sur votre clientèle cible, sur votre produit cible.
Vérifiez la taille et la santé du marché textile, la part de marché de vos concurrents.
Les vêtements ou accessoires que vous souhaitez proposer sont-ils originaux ? Suivez les dernières tendances.
Avez-vous pensé à une gamme d’accessoires à petit prix, pour attirer plus de clients potentiels ?
Pour la petite histoire, c’est ce que fait Apple : le dernier iPhone est abordable, alors qu’il propose également un kit de roulettes de mac pro inabordable pour tout à chacun.
Pensez également business plan : à quels prix sont vos fournitures, quels prix vous proposent vos potentiels grossistes ?
Globalement, vous aurez des frais dans :
- – l’achat du tissu
- – les fournitures (fils, aiguilles, galons…)
- – les dépenses courantes (eau, électricité)
- – les dépenses d’entretien de la machine à coudre (ou l’investissement dans une machine professionnelle, une surjeteuse…)
Dans tous les cas, évitez d’investir trop, tout de suite.
Et si vous commenciez par utiliser des produits déjà existants en les modifiant, et en leur apportant de la valeur ? Ça s’appelle le surcyclage.
Ce sont de ces dépenses que vous pourrez fixer un prix juste, et donc une source de revenus supplémentaires, tout en étant concurrentiel.
Votre travail est ici un travail d’analyse, de toutes les informations que vous avez récoltées, afin de connaître au mieux les caractéristiques de votre marché.
1. 2. L’inspiration
Je sais. Comme tous les couturier.es, vous fourmillez d’idées, à tel point que vous n’avez pas le temps de tout faire.
Je vous comprends.
Sauf que là, on parle de projets rentables.
Vous serez d’accord avec moi : ça ne sert à rien de passer des journées, des nuits, à penser à vos futures réalisations, si elles ne se vendent pas.
Alors, comment faire ?
Déjà, choisissez un carnet, et un crayon – avec une gomme de préférence. Choisissez-le bien, ce seront vos nouveaux compagnons. Vous ne savez jamais quand vous aurez une idée.
Dessinez-y vos idées (un dessin simple suffit dans un premier temps), notez vos observations, puis pensez aux détails. Plusieurs types de poches, de finitions, différentes couleurs…
Encore faut-il que votre inspiration corresponde à ce que les gens achètent.
Je vais vous donner une astuce : insight yooda, google ads (son outil de planification de mots clés vous donnera des informations sur la quantité du produit cherché), findaforum.net (pour trouver des forums de lignes vestimentaires) sont autant de sites qui vous donneront des idées de ce que vos futurs clients cherchent et achètent.
Cette inspiration vient également de vous : qu’est-ce que vous aimez, qu’est-ce qui vous touche. C’est ce qui vous différencie de vos concurrents.
Et ce qui vous permet de créer une marque cohérente, une unité visuelle.
Un logo, un titre.
Qui vous permettra de le défendre juridiquement.
1.3.Protéger sa marque avec l’INPI.
Institut national de la propriété industrielle (on est vite tenté de ne parler qu’en acronymes).
Organisme public, il est chargé de la propriété intellectuelle.
1.3.1 Qu’est-ce qu’une marque ?
Une marque, c’est toute représentation servant à distinguer des produits, ou des services, dans le but d’attirer et de développer une clientèle.
Je vous explique plus en détail dans cet article.
1.3.2 Comment vous aller déposer votre marque :
Après avoir noté toutes les idées que vous avez en tête – et après avoir demandé à votre entourage, non pas ce qu’ils en pensaient, mais ce que la proposition leur fait penser – il faut vérifier que personne d’autre ne l’a déjà utilisé.
Le site de l’INPI vous propose un moteur de recherche. C’est la recherche d’antériorité. La fonction gratuite est suffisante.
Votre proposition n’est pas connue, foncez !
La marque peut être déposée par vous, ou par votre société si vous en créez une. Elle peut être réalisée en ligne.
Vous devez déposer un dossier dans lequel vous déterminez les produits que vous allez fabriquer .
Attention, si vous oubliez un produit, vous devez refaire un dépôt payant.
L’INPI vous enverra un accusé de réception, et publiera votre marque au bulletin officiel de la propriété industrielle, puis vous envoie le certificat d’enregistrement.
1.4. Les recours contre l’utilisation abusive de votre marque
Deux actions vous sont ouvertes :
- l’action en concurrence déloyale, à condition de prouver une faute commise par votre concurrent, et le dommage que vous subissez
- l’action en contrefaçon : dès que vous avez déposé votre marque, vous disposez d’un monopole. Il suffit simplement d’un risque de tromper le consommateur. Rien d’autre à prouver.
Le but de cette action est de vous protéger contre l’utilisation, la reproduction, l’imitation de votre marque, le caractère distinctif de celle-ci.
Il ne faut pas que le consommateur puisse être leurré, croyant acheté un produit de votre marque, alors qu’il s’agit d’une copie.
Qu’il y ait un risque de confusion.
Ça veut dire aussi que vous n’avez pas le droit d’utiliser les caractéristiques d’une marque pour vos produits.
Je vous propose 10 solutions pour que vous puissiez créer et vendre en tout sécurité.
2 Comment commencer à vendre ?
2.1. Les obligations juridiques.
L’activité de couturière n’est pas réglementée, vous n’êtes pas obligée de passer votre CAP métiers de la mode.
En matière d’étiquetage, pour les vêtements, l’essentiel est de mentionner la composition, les pictogrammes d’entretien ne peuvent être mentionnés que si vous adhérez à COFRETT (source pdf).
Sachez que de plus en plus de sociétés dans l’industrie vestimentaire se conforment à la norme ISO 26000.
Cette norme trace les grandes lignes de la responsabilité sociétale : des exigences supplémentaires en matière d’environnement, d’économie, de respect de l’Homme.
2.2 Où vendre ?
Vous pensez commencer sans être déclaré ? Pour si peu !
Désolée, mais je vais mettre un terme à toutes vos objections. Pour votre bien !
L’achat (de matériel, de fourniture) pour revente (à une clientèle), est tout à fait la définition du commerçant.
Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le code de commerce.
Ca veut dire cotisations sociales, TVA, tribunal compétent différent, statut de professionnel, donc moins de protection.
Et les revenus de vos ventes sont imposables.
Vous vous dites peut-être : “bah, c’est pas quelques ventes occasionnelles qui me feront des problèmes”.
Alors, sachez que si vous vendez via une plateforme en ligne collaborative, la loi relative à la lutte contre la fraude impose aux plateformes et places de marché en ligne d’adresser un décompte des opérations réalisées et du montant brut perçu à ce titre, à chacun de leurs utilisateurs ET à l’administration fiscale.
Vous pensez à la vente au déballage (terme juridique pour “brocantes”, “braderies” ou “vides-grenier”).
Vous ne pouvez vendre que deux fois dans l’année. Et ça concerne uniquement la vente de biens personnels.
Donc ça ne concerne pas la création de produits.
Sur les marchés, alors ?
Argh ! Il vous faudra la carte de commerçant ambulant– payante – si vous vendez hors de votre commune de domiciliation professionnelle (là où vous habitez, ou le siège si vous exercez en société. Si ça vous intéresse, renseignez-vous à la chambre des métiers de l’artisanat.
Vous restez dans votre ville ? Il vous faudra quand même un véhicule, un stand, préparer assez de stock, avoir une trésorerie, et souscrire une assurance responsabilité civile exploitation. Et en plus, vous lever tôt, et négocier une bonne place.
Et en magasin ?
Prévoyez du choix, un classeur pour présenter vos réalisations, et un catalogue à laisser après votre discussion avec le gérant du magasin.
Donc, vous pensez créer votre site internet.
Super ! N’oubliez pas que les données personnelles des usagers sont des choses de très précieuses, ce que vous rappelle la CNIL, et le règlement européen RGPD !
Dans ce cas, vous penserez à ajouter des mentions légales (qui indiquent comment vous gérez les cookies, à quoi ils vous servent, qui contacter), constituer un registre de traitement de données.
Et n’oubliez pas d’installer une extension pour l’acceptation des cookies – vous voyez, le bandeau en bas, où vous avez dû cliquer ? Eh bien il faudra faire pareil. J’ai une petite préférence pour cookie bot, assez discret et ayant les éléments essentiels : permettre à l’utilisateur de choisir les cookies, et donc les données, qu’il accepte de partager.
Que penser des marketplaces ?
Ces sites sont parfaits pour débuter : pas de connaissance informatique à avoir, un démarrage rapide, le paiement est garanti.
Il y a quand même des inconvénients :
- les commissions qui varient d’un site à l’autre
- la concurrence peut être rude
- pas ou peu de moyen de personnaliser votre “boutique”.
Il y a un moyen tout simple de vous démarquer.
Vous intéresser à votre clientèle. Tous simplement.
Pensez-y. Pourquoi allez-vous acheter sur un site plutôt qu’un autre ?
Parce que vous êtes rassuré par son sérieux : ajoutez les dimensions exactes de votre produit, ajoutez des témoignages, proposez des améliorations de vos produits en proposant un questionnaire, soignez vos photos.
Et soignez votre présence sur les réseaux sociaux : Pinterest, Instagram, Facebook.
Choisissez votre identité visuelle, et ne changez plus. Marquez la de votre personnalité.
Ouf, avec cette liste, j’ai vraiment l’impression d’être un rap-tout vampire (clin d’œil pour les 90’).
Qu’est-ce que je choisirai en premier ? Les marketplaces, pour tâter le terrain.
Et créer un statut d’auto entrepreneur.
3. Comment choisir votre statut pour votre activité artisanale ?
Votre statut juridique, c’est ce qui va vous permettre d’optimiser vos revenus, limiter l’imposition, et sécuriser l’argent que vous avez déjà (=votre patrimoine).
Si vous êtres plusieurs à monter une affaire ensemble, la SARL ou la SAS seront vos amis.
Mais, je suppose que vous être un.e couturier.e seule, devant votre machine à coudre – et aussi devant votre PC. 4 choix vous sont offerts.
Ne vous inquiétez pas, je ferai bref, vous n’allez pas vous endormir !
Choix 1: Auto-entrepreneur :
- + la création est facile : pas d’acte à rédiger.
- + vous cotisez pour votre retraite.
- + si vous êtes éligibles à l’ACRE (dispositif pour la création et la reprise d’entreprise), vous êtes exonéré de charges sociales
- – vous ne cotisez pas à l’assurance chômage.
- – vous devrez être affilié au RSI.
- – il n’y a pas de distinction entre votre patrimoine personnel et professionnel : trop de dettes pour votre entreprise et c’est votre livret A qui trinque.
Choix 2: Entreprise individuelle :
- + vous n’avez pas de statut à créer
- + la comptabilité est simplifiée
- + pas besoin de capital de départ
- – pas de distinction entre votre patrimoine personnel et professionnel
- – si vous faites beaucoup de bénéfices, vous serez soumis aux plus hauts barèmes d’imposition
Choix 3: EIRL (entreprise individuelle à responsabilité limitée)
- + vos biens personnels sont protégés
- + vous pouvez choisir l’impôt sur les sociétés plutôt que l’impôt sur les revenus (limite les cotisations sociales)
- – vous devez rédiger une déclaration d’affectation du patrimoine (pour évaluer les biens que vous incluez dans votre EIRL).
- – frais de greffe pour l’enregistrement
- – établissement de comptes sociaux annuel et dépôt de ces comptes au lieu d’enregistrement de la société.
Choix 4: EURL (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée)
- + responsabilité financière limitée
- + vous choisissez le montant que vous apportez à votre société (= le capital social)
- + vous choisissez entre l’impôt sur les revenus ou l’impôt sur les sociétés.
- + en tant que gérant, vous bénéficiez de la protection sociale des salariés.
- – il vous faudra rédiger les statuts de la société et les publier
- – il faut compter des frais de publicité, d’enregistrement, de greffe
Maintenant, passez à l’action
Vous, la création, ça vous connaît. Vous êtes un artiste dans l’âme, pas un gestionnaire.
Par cet article, je voulais juste mettre en lumière les points sur lesquels vous devez faire attention.
Simplement pour que vous dormiez sur vos deux oreilles.
Lourd ? non !
Je vous donne une dernière astuce, et non des moindres.
C’est celle que j’applique tous les jours.
Et pourtant, 95 % d’entre vous ne le feront pas.
Pourquoi ?
C’est la peur du changement. Les habitudes nous poussent à rester comme nous sommes.
La solution ?
La technique des petits pas, fréquemment.
Faites-vous une listes des choses à faire pour passer à l’action. Divisez chaque point en sous points.
Et réalisez une action par jour.
Si vous souhaitez aller plus loin :
– https://www.service-public.fr
– https://www.portail-autoentrepreneur.fr/
Ça vous parle ? Je suis sure que vous avez d’autres astuces à ajouter. Partagez votre expérience de la production, de la vente, et même de l’achat d’un ouvrage artisanal en commentaire.
Et si vous souhaitez découvrir une nouvelle manière de coudre, dans le respect de l’environnement, venez découvrir la couture zéro déchet sur mon blog Créer, Recycler, Coudre !
J’espère que l’article vous a plu. Et qu’il vous a donné envie de créer plus. Pour continuer votre lecture vous pouvez lire cet article pour obtenir des jolies finitions professionnelles.
Merci pour cette invitation !
Ça m’a fait très plaisir de partager mes connaissances sur ce super blog !
À très vite !
Avec plaisir! Merci à toi pour ce partage précieux! A bientôt!!
Super intéressant. Synthétique (ça c’est la formation juridique) et complet.
Je suis super contente que cet article vous plaise.